Retour aux racines: deux semaines en Afrique

Y’a un peu plus d’un an, j’ai fait un voyage qui a complètement changé ma vie. Je sais, c’est méga cliché comme affirmation. Mais j’y peux rien: c’est la vérité.

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Ça a pris plus de 16 ans au Québec pour que ma mère et moi retournions à la terre natale. Non, je ne suis pas née à Montréal. Je suis de Cotonou, au Bénin, en Afrique occidentale.

Après énormément de préparation (allô les milliers de vaccins et la grosse paperasse à remplir) et environ 16h de vol, mom et moi on atterrissait à Cotonou. L’accueil qu’on a eu de notre famille à l’aéroport était tellement gros, tellement wow. Such émotions!

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Moi ft. la personne la plus importante dans ma vie, aka mom

 

Côtoyer et habiter chez de la famille que t’as pas vu depuis tes 4 ans et que, basically, tu ne reconnais pas vraiment, c’est assez spécial. Tout le monde se rappelle de toi mais toi, t’as aucun souvenir d’eux. Mais dès qu’on a mis les pieds dans la maison de ma tante, on s’est tout de suite senties comme chez nous. Tout était juste parfait.

Durant ces deux semaines de voyage, j’en ai appris plus sur mon pays qu’en 21 ans de vie. C’était complètement fou! Je ne me suis jamais sentie si bien, si complète. Et pourtant, j’étais à des milliers de kilomètres de cet endroit que j’appelais la maison.

 

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Quelque part au paradis, j’pense

On a fait nos touristes, bien évidemment. Même si ma mère connaissait déjà la plupart des endroits qu’on a visité durant notre séjour, elle trouvait ça important que je puisse voir tout ça de mes propres yeux et en apprendre plus sur ma culture, et je l’en remercie énormément.

L’élément qui m’a le plus marquée durant notre « randonnée historique » était la Route des esclaves. Oui, t’as bien lu. La ville de Ouidah a été un très important comptoir négrier en Afrique de l’Ouest back in the days. Plus d’un million d’esclaves ont été exportés à partir de Ouidah, et la Route des esclaves montre comment ça se passait. Tu peux en lire plus ici.

La dernière étape de la Route des esclaves et la Porte du non retour. Tu le comprends sûrement par son nom, cette porte est la passage d’où on ne peut plus jamais revenir.

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La Porte du non retour

 

Se retrouver devant un monument si important de l’histoire de la traite négrière, de l’histoire du Bénin, de l’histoire de l’Afrique, de mon histoire en tant que Noire et Africaine, c’était un moment rempli d’émotions tellement fortes que je n’avais aucun mot.

 

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La plage à côté de la Porte du non retour

 

Partout où j’allais, chaque fois que je me retournais, j’étais émerveillée par la beauté de ce pays, de mon pays. Que ce soit une simple plage ou une station d’essence comme j’en avais jamais vu auparavant, j’étais juste tellement contente d’être là et de pouvoir voir ça de mes propres yeux.

 

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Une station d’essence

 

J’pense que y’a pas grand monde qui peut dire qu’ils ont eu la chance de voir leurs racines et je me sens choyée d’avoir pu vivre de si beaux moments, en si belle compagnie.

 

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Notre vue en dînant, à Grand Popo.

 

 

 

Évidemment, on a vraiment, vraiment bien mangé. Mais contrairement à mon habitude, j’ai pas pris une tonne de photos de ma bouffe. Tout simplement parce que j’étais trop occupée à les savourer, elle et le moment présent.

 

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Du poisson + du eba, une pâte faite à partir de gari (farine de manioc) + une sauce tomate
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Du poisson + du riz + du alloco (bananes plantains frites)

 

Obviously, le choc culturel était réel. Quand t’as grandi à Montréal et que tu visites le Bénin, un pays d’Afrique encore en voie de développement, tu réalises à quel point t’es #blessed et privilégié.

 

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Les gens se promènent en zémidjan, un moto-taxi.

 

On passe notre temps à chialer parce que le métro tombe trop souvent en panne, ou que y’a du trafic sur le pont, ou que les bus sont en retard, ou que nos profs d’université sont chiants, ou que l’attente chez le médecin est trop loin… Mais là d’où je viens, t’es chanceux si tu trouves un système de transport en commun dans ta ville. T’es encore plus chanceux si tu peux te payer l’université ou un médecin. Bref, tu vois l’genre. On prend trop les choses pour acquises, ici.

Mais attention, il ne faut pas les prendre par pitié, au contraire. Ces gens, mes gens, ont peut-être moins de biens matériels que nous, Américains. Ils ont peut-être moins de services à leur portée, moins d’opportunités que nous… Mais je peux te garantir qu’ils vivent souvent bien mieux que nous.

Lis donc ça quand t’as l’temps, ça résume pas mal ma pensée: I grew up in Africa. Don’t be sorry for me.

 

 

Bref, ce voyage m’a énormément ouvert les yeux et je serai forever grateful envers ma mère pour tout ce qu’elle a fait pour moi et notre famille. Non seulement j’ai eu la chance de grandir ici, à Montréal, mais j’ai également eu la chance de voir mes racines. Et ça, ça vaut cher à mes yeux.

Pour d’autres photos de mon voyage au Bénin, tu peux voir le hashtag #JessicaPrdncTravels sur Instagram!

4 commentaires sur “Retour aux racines: deux semaines en Afrique

  1. Bonjour, je vous remercie du partage sur votre blog et je suis très heureuse de votre retour au Pays. Je ne suis pas Béninoise mais j’adore le Bénin depuis mon séjour. Très bonne journée et au plaisir.
    Isabelle.

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  2. J’ai eu des frissons en lisant ton article. Une petite partie de moi pouvait relate (étant à moitié Portugaise, j’ai une fraction de ma famille à l’autre bout du monde, en ce second chez-moi qui n’est toutefois pas tout à fait « la maison »), et l’autre partie était assez impressionnée, quand même. Impressionnée par toute la beauté qui subsiste là-bas, malgré l’ampleur de cette tragédie historique. En tout cas, j’ai trouvé ça super beau de lire tes impressions sur ce retour à tes racines.

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